On ne soupçonne rien. C’est le plus terrible de cette vie. Se dire qu’on ne voit rien, et quand on ne voit rien, et quand on voit il est trop tard. On ne discerne pas les radiations. Tout est normal. Bien trop normal, et c’est là le vertige.

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Un village déserté cerné par la forêt. Cinq amis y vivent : Fred, Sarah, Marc, Alessandro, Lorna. Sinon il n’y a plus grand monde. Juste quelques petits vieux et un médecin, dans des hameaux plus loin, et les Ouzbeks, ces anciens “liquidateurs” de la centrale, qui squattent une maison abandonnée. C’est la vie ordinaire d’une petite communauté isolée, une vie faite de précautions quotidiennes, avec les mesures au compteur Geiger, les sorties faites en combinaison anti-radiation et le retour chez soi soumis à tout un protocole de décontamination.

Nous ne somme pas dans les environs de Tchernobyl ou de Fukushima, mais belle est bien en France, ou un pays qui lui ressemble, dans un avenir proche, très proche. Une catastrophe s’est produite. Ce n’est pas l’effondrement général de notre monde, mais l’accident nucléaire a contaminé une vaste zone, désormais cernée de barbelés. Au-delà, rien ne semble avoir changé. Des avions passent encore dans le ciel vers des destinations inconnues. Quelques liens subsistent avec le monde extérieur, le monde normal : les drones de surveillance, les hélicoptères de secours, et, comme un poste de douane à quelques kilomètres, la maison de liaison. Mais pour l’essentiel, les habitants de la zone vivent en autarcie, dans un huis-clos réduit à quelques individus.

Pourquoi être resté ? Pour Sarah et Fred, cela va de soit : la tombe de leur fille Vic est au cimetière et rien ne pourrait les en éloigner, surtout pas Sarah. Pour eux, la catastrophe avait déjà eu lieu avant l’accident… Mais les autres, pourquoi restent-ils dans ce milieu contaminé ? L’habitude ? L’amitié ? Un pacte implicite ? Un peu de tout cela sans doute. Un équilibre s’est créé pour vivre au mieux le temps qui reste. Un équilibre bouleversé par la naissance d’un enfant.

C’est à la Librairie Imaginaute, la librairie de l’imaginaire de Tours que j’ai trouvé ce roman de Laurent Petitmangin. Celui-ci n’est pourtant pas réputé pour être un auteur de SF ou d’anticipation et il récuse d’ailleurs le terme pour Les terres animales. Mais faut-il ranger ainsi les écrivains et leurs œuvres dans des cases toutes faites ? Après tout, Cormac McCarthy n’était pas lui non plus un auteur de fiction post-apocalyptique avant La Route.

Il s’agit bien ici d’une œuvre d’anticipation sur la vie après la catastrophe atomique, mais aussi et surtout d’un roman sur l’amitié et les rapports humains mis à l’épreuve d’une situation extrême. A travers le regard de Fred et et Sarah, l’écriture à la première personne est simple, sans fioriture, profondément humaine.

Ce qu’en dit l’auteur

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