En mettant un peu d’ordre dans différents papiers, j’ai (re)trouvé un tiré-à-part d’un article de mon arrière-grand-père, Louis Stouff (1859-1936.) Il s’agit d’une “Note sur deux inscription grecques”, la première étant une pierre votive de Philippe V à Délos et l’autre un fragment de catalogue éphébique du règne d’Antonin le Pieux. Ce texte est extrait de Ξénia. Hommage international à l’Université nationale de Grèce à l’occasion du soixante-qème anniversaire de sa fondation (1837-1912), recueil paru à Athènes en 1912.
Comment un professeur d’histoire du droit et d’histoire médiévale dont l’épigraphie grecque n’est pas vraiment la spécialité a-t-il été amené à s’intéresser à ces deux inscriptions ? C’est qu’il en est l’heureux propriétaire. Mais voyez plutôt l’historique qu’il en fait dans la première note de bas de page :
Vers 1820 elles appartenaient à un amateur dauphinois, M. Aymé du Boisaymé, commandant du génie pendant l’expédition d’Égypte, coopérateur à l’ouvrage d’Égypte, membre de la commission des sciences et des arts de l’armée française en Égypte, correspondant de l’Institut, directeur des douanes à Marseille sous Louis XVIII. (Du Boisaymé, Marre Thérèse de Bouès, Paris 1838. Correspondance de M. du Boisaymé sous les divers gouvernements qui se sont succédé en France depuis l’an X de la République. Grenoble,1842). Elles faisaient partie de sa belle collection d’antiquités égyptiennes, grecques et romaines. Au commencement de ce siècle, M. Deloche, petit- neveu de M. du Boisaymé, conservait encore cette collection dans sa villa de
Meylan, près de Grenoble, Les deux inscriptions ont été acquises de M. Deloche en 1907.
Si j’en crois ses carnets (voir annexe), cette acquisition s’est faite le 2 août 1907 et les deux inscriptions grecques n’étaient pas les seuls objets de la transaction, car y figuraient aussi une table de hiéroglyphes et diverses antiquités dont j’ignore ce qu’elles sont devenues. Par contre, les deux inscriptions n’ont pas quitté ma famille depuis 1907. Je prends donc avec un certain intérêt connaissance de leur histoire et des différents écrits dans lesquelles elles ont été étudiées.
Cela me donne l’occasion de recherches sur les références bibliographiques indiquées dans des notes de bas de page souvent, lesquelles sont souvent plus étendues que le texte de l’article proprement dit. Les liens que je trouverai vers ces publications pourront peut-être servir à qui sera intéressé par ces inscriptions. Pour le reste, je vous renvoie à l’article lui-même.
Sur l’inscription votive de Philippe V
Ramenée de Délos en 1817, par le capitaine de vaisseau de Meslé, l’inscription votive se trouvait alors dans les ruines d’un portique qui faisant face à celui de Philippe V. Des auteurs du XVIIIe siècle l’avaient signalé auparavant dans les galeries bâties autour du temple d’Apollon. Quant à Cyriaque d’Ancône, qui la copia entre 1426 et 1431, il la vit, dit-il, près de la naumachie ronde, c’est-à-dire du lac sacré ou lac Trochoïde, assez loin, par conséquent, du temple d’Apollon. Et si ces différentes localisations vous semblent obscures, les références indiquées ci-dessous par Louis Stouff vous serons peut-être utiles :
Sur la position respective du petit portique et du portique de Philippe, cf. Homolle, Les archives de l’intendance sacrée à Délos, 315-166 avant J. C. (Bibliothèque des écoles françaises de Rome et d’Athènes, XLIX, Paris, 1887), plan, état des fouilles en 1882 ; Dürrbach et Jardé, Fouilles de Délos, 1903 (BCH. XXVIII, 1904, p. 267). Pour l’intelligence des divers emplacements assignés à l’inscription, cf. BCH., XXX,1906, planche IX, plan général des fouilles de Délos (années 1903-1904) et Homolle et Holleaux, Exploration archéologique de Délos faite par l’École française d’ Athènes ( Paris 1909), carte de l’île de Délos levée en 1907 et 1908 par le capitaine Bellot.
D’après la transcription de Cyriaque d’Ancône éditée par Othon Riemann (cf. Bulletin de Correspondance Hellénique, tome 2 1878, p. 87 n° 31), l’inscription était alors complète.
Vous constaterez que Riemann l’attribue à Philippe III, alors que le roi dont le règne commence en 221 av. JC est bien Philippe V. Coquille de l’imprimeur ou erreur de l’auteur ? Quoiqu’il en soit, il ne faut jamais se fier entièrement aux informations contenues dans les publications savantes.
Lorsque mon aïeul publia son article, le tome XI des Inscriptiones graecae réservé aux inscriptions de Délos intitulé Inscriptiones Deli Liberae Decreta Foedera Catalogi Dedicationes, était encore en préparation. Il parut peu après. Voici l’extrait concernant l’inscription votive de Philippe.
Dans l’article de Maurice Holleaux mentionné à la fin de cet extrait, il est écrit que la formule βασιλεὺς Μακεδόνων correspond à un progrès de la puissance monarchique au dépens de la «communauté des Macédoniens». En effet, selon l’auteur, jusqu’au règne de Philippe V, la nation ne s’est pas identifiée avec le roi: elle subsiste à côté de lui ; le roi n’agit point au lieu et place de la nation, mais de concert avec elle.
Sur le catalogue éphébique

En l’an 124/125, l’empereur Hadrien vint à Athènes et cette venue devint le point de départ d’une chronologie nouvelle. La vingt septième année de cette ère, le cosmète Sotellès fils de Bacchylos, fit graver le catalogue des éphèbes qu’il gouvernait et de ceux qui partageaient avec lui leur direction, pendant l’archontat d’Ardys (151/52),
Cette inscription nous est parvenue en quatre fragments, l’un apporté à Florence, à la villa Riccardi, à une époque déjà ancienne, deux autres découverts à Athènes en 1861, le quatrième [étant celui qui nous intéresse ici]. Celui-ci fut publié en 1820. On le mit au nombre des inscriptions de Délos, apparemment à la suite d’une fausse indication que contredisaient les éléments tout athéniens du texte.
Et Louis Stouff de donner une bibliographie sur la question :
Raoul Rochette, Note sur une inscription grecque récemment apportée de Délos à Marseille, (Journal des Savans, année 1820, p. 182, avec une gravure reproduisant simplement et sans aucune restitution un dessin de l’inscription). CIG., 281. A. Dumont, Essai sur l’éphébie attique (Paris, 1875), II, textes éphébiques, Neubauer, Herstellung des Ephebenkataloges im CIG., 281, avec une table (Hermes, XII, 1876, p. 385). Dittenberger, Inscriptiones atticae aetatis romanae (Inscriptiones graecae, III, I, Berlin, 1878, 1120).
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Annexe
Extrait des carnets de Louis Stouff
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean Stouff (2 février 2025). Autour d’un tiré-à-part concernant deux inscriptions grecques. Biblioweb. Consulté le 28 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1383k