L’actualité politique internationale et la lecture récente de deux uchronies m’ont conduit à m’intéresser aux projets alternatifs de foyers juifs ailleurs qu’en Palestine, les Terres promises avant Israël pour reprendre le titre d’un ouvrage d’Olivier de Marliave paru en 2017 aux éditions Imago.
- Un article de Brigitte Sion publié en juin 2021 sur Tatoua.
- Un entretien d’Olivier de Marliave sur Akdem.
Bien avant la naissance du sionisme, des projets de foyers juifs tentèrent d’offrir un abri aux populations juives persécutées, quelque soit le territoire concerné. S’ils prirent le nom de “territorialistes” après le VIIe congrès sioniste en 1905 qui voit le rejet de toute autre solution que la Palestine et l’apparition d’une scission au sein du mouvement sioniste avec la création Organisation juive territorialiste menée par Israël Zangwill, il ne faut pas oublier que cette tendance a pu toucher Théodor Herzl lui-même. N’avait-il pas envisager des projets d’installations juives dans le Sinaï, à Chypre et même en Afrique, aux confins de l’Ouganda et du Kenya actuels ? C’est du reste à la suite de du rejet de ce projet Ouganda qu’a lieu la scission de 1905.
Mais que ce serait-il passé s’il avait été adopté ? Tel est le point de divergence choisit par Lavie Tidhar pour son uchronie, Aucune terre n’est promise. Dans ce monde où un État juif, la Palestina, a été fondé au cœur de l’Afrique, tout n’est pas rose, loin s’en faut. Alors qu’un mur est construit pour protéger la population juive contre les terroristes nandis, des autochtones dépossédés de leurs terres, le principal protagoniste, Lior Tirosh, assiste à un attentat à la bombe à une station de bus. Voilà une situation qui n’est pas sans rappeler notre réalité et qui suggère que tout projet colonial, où qu’il soit entrepris, ne peut qu’aboutir à la violence des populations spoliées.
En raison de ses conséquences au sein du sionisme, le projet Ouganda est peut-être le mieux connu de ces projets de foyers juifs hors de Palestine. D’autres ont pourtant été envisagés, puis abandonnés, et concernent tous les continents. C’est ainsi qu’en 1939 les États-Unis ont étudié avec le rapport Slattery la possibilité d’un établissement juif en Alaska. Cependant, le projet ne reçoit le soutien ni des juIfs américains qui craignent une réaction négative de leurs concitoyens, ni du président Roosevelt qui souhaite maintenir des quotas stricts d’immigration. Il est finalement abandonné. Dans Le Club des policiers yiddish de Michael Chabon, ce projet a abouti à la création d’une enclave juive concédé autour de Sitka. S’y séroule une enquête policière déjantée autour de l’assassinat d’un ex-Tzadik ha-Dor devenu toxico, dans une société marquée par le hassidisme et la langue yiddish. L’éphémère République israélienne détruite dès 1949 n’y est qu’un lointain souvenir, même si certains nostalgiques complotent encore avec la complicité des Américains en vue d’un retour à Jérusalem…
Le rapport Slattely a inspiré plusieurs cartes alernatives aux participants de R/ImaginaryMaps, l’une d’elles, The Federal District of Sitka, s’appuyant sur le roman de Michael Chambon. Ils ont également imaginé plusieurs autres cartes basées sur des projets avortés – une douzaine d’entre eux sont présentés sur celle intitulée United Tribes of Israel: Every Jewish Homeland Proposal Implemented – ou sur de pures spéculations uchroniques ne reposant sur aucune proposition officielle comme les projets de création d’un État juif en Prusse Orientale après 1945 (carte 1 – 2 – 3), en Californie au cours du XIXe siècle (carte 1 | 2) et autres Alternative Israels.
Arrêtons nous un instant sur la carte uchronique intitulée HOMELAND: The State of Israel before the Madagascar War of 1962. Celle-ci renvoie directement à un projet réel des nazis visant à déporter l’ensemble de la population juive d’Europe dans cette grande île tropicale. Voici ce qu’écrit à ce sujet Stéphane Rosière dans « L’espace létal, aménager pour tuer », article publié dans le n° 36 de L’Espace Politique :
A leur arrivée au pouvoir, les Nazis étaient favorables à l’émigration des Juifs allemands. Mais l’émigration spontanée fut insuffisante — de 1933 à 1941, seuls 277 000 Juifs ont quitté l’Allemagne, par manque de pays d’accueil notamment occidentaux (Grosser, 1989, 70)8. La déportation complète de la population juive hors d’Europe est envisagée dans le cadre du « plan Madagascar », formulé en 1938.9 Ce projet parut un moment réalisable après la défaite de la France, en juin 1940. Durant l’été 1940, Reinhard Heydrich justifiait ainsi ce plan de déportation :
« Les Juifs nous sont hostiles en raison de notre opinion sur les races. Pour cette raison, ils n’ont plus rien à faire dans le Reich. Nous devons les éliminer. Cependant, l’extermination biologique est indigne d’un peuple civilisé. En conséquence, une fois la victoire acquise, nous imposerons nos conditions à l’ennemi et nous utiliserons ses navires pour transporter les Juifs et leurs effets vers Madagascar ou ailleurs » (cité par Aly, 1999, p.3).
Ce plan est aussi envisagé en juillet 1940 par Goebbels pour qui « Madagascar deviendrait un protectorat allemand » où les conditions naturelles défavorables auraient lentement raison de la population transférée (cité par Naimark, 2001 p.73). Mais ce projet ne résiste pas à la situation stratégique : le Royaume-Uni résiste et conserve la maîtrise des océans. Dans ce contexte où toute « solution » ultramarine s’évanouit, les Allemands doivent s’en tenir aux options de la « réserve orientale » ou de « ghettoïsation » urbaine.
Il faut néanmoins signaler que les nazis ne furent pas les seuls à concevoir un plan Madagascar. Comme le rappelle l’historienne Zofia Trębacz dans un entretien publié sur Mémoires en jeu en juillet 2021, au milieu des années 1930 les dirigeants de la Pologne antisémite envisageaient sérieusement l’expulsion de leurs ressortissants juifs vers cette colonie française, la France étant une nation amie qui ne se montra pas hostile au projet, du moins dans un premier temps.
Pour être complet, il faut rappeler que le premier à avoir proposé de déporter les Juifs à Madagascar est l’antisémite allemand Paul de Lagarde en 1885 (cf. Timothy Snyder. Terre noire. L’holocauste et pourquoi il peut se répéter. Paris, Gallimard.2016, p.99). Vu que la France était en train d’achever la conquête de l’île, je me demande bien comment il comptait s’entendre avec ses gouvernants, une quinzaine d’années après la guerre franco-allemande.
Il ne vous a pas échappé que les différents “plans Madagascar” sont le fait d’antisémites. Du reste, même lorsque les projets de foyers juifs sont conçus par des juifs, il leur faut compter avec l’antisémitisme des dirigeants politiques avec lesquels ils doivent traiter pour obtenir gain de cause. Theodor Herzl entre ainsi en contact avec Guillaume II de Prusse et le ministre de l’Intérieur russe Viatcheslav Plehve, deux antisémites notoires, pour les convaincre que leurs intérêts convergent avec le sionisme, celui-ci étant présenté comme une manière commode de “se débarrasser” des juifs non voulus dans leurs pays. Mieux encore : Arthur Balfour était bien l’un de ces chrétiens antisémites dont Herzl avait su qu’ils deviendraient les meilleurs alliés du sionisme (cf. Gilbert Achcar, article paru dans le n° 157 de Manière de voir).
N’allons pas en conclure que l’antisémitisme est nécessairement un soutien à l’établissement d’un foyer juif hors d’Europe. Ainsi le projet Ouganda n’est pas seulement abandonné en raison du rejet de cette solution par le VIIe Congrès sioniste, mais aussi à cause de l’hostilité des colons européens déjà établis dans la région, comme nous pouvons le lire dans un article de David Kalfa publié sur le site de RFI en août 2023 :
Un article de l’historien kényan Mwangi Wa-Githumo, rédigé en 1983, est particulièrement éclairant sur le sujet. Dans ce dernier, intitulé « The Search for a Zionist Settlement in Kenya, 1902-1905 », il décrit, sources de l’époque à l’appui, le violent antisémitisme des chrétiens déjà installés en Afrique orientale britannique. Il explique comment le 28 août 1903, dans la foulée du sixième Congrès sioniste, le président de l’association des planteurs et fermiers – qui a aussi des vues sur les terres du plateau de Guas Ngishu – envoie un télégramme acerbe à Londres : « Réaction très forte ici contre l’introduction de juifs étrangers. Est-ce pour cela qu’on a construit un chemin de fer coûteux et qu’on a dépensé de grosses sommes d’argent dans ce pays ? L’afflux de personnes de cette classe entraînera certainement des ennuis avec des indigènes à moitié apprivoisés, jaloux de leurs droits. Ça veut dire du personnel supplémentaire pour les contrôler. Le contribuable britannique, propriétaire de l’Afrique de l’Est, est-il content que ce beau et précieux pays soit confié à ces étrangers ? »
Une véritable campagne contre le Projet Ouganda s’organise. Le colonel Richard Meinertzhagen, officier au sein du bataillon King’s African Rifles, résume l’esprit de nomvraisemblablement antisémitebreux colons blancs de l’époque. « La maison des juifs est en Palestine, pas en Afrique, écrit-il. Les juifs ne savent pas se mélanger. Ils ont leur propre religion, leurs coutumes et leurs habitudes et constitueraient un des éléments les plus indigestes d’Afrique de l’Est s’ils venaient en nombre. »
C’est curieux comme les paroles de cet obscur colonel antisémite rejoignent parfaitement les décisions du VIIe Congrès sioniste qui convient quelques mois plus tard que l’implantation d’un foyer juif ne peut se réaliser qu’en Palestine. Pourtant, d’autres projets territoriaux vont marquer les décennies suivantes. En voici quelques uns.
Le projet Angola, initialement proposé en 1886 par Abraham Anahory, notable juif de Lisbonne, est envisagé plus sérieusement après la Révolution du 5 octobre 1910 et l’avènement de la République au Portugal. En 1912 Wolf Terlö, Juif russe d’Odessa en 1877 installé au Portugal. En 1912, entre en contact avec José Relvas, ministre des Finances du Gouvernement Provisoire, au sujet de « la colonisation par les Israélites des possessions portugaises d’Afrique ». L’idée ayant été bien accueillie, il se lance dans une campagne d’information dans des journaux influents pour faire connaître le projet de colonisation du Benguela (province de l’Angola, sur l’Atlantique) et s’appuie sur l’Organisation juive territorialiste d’Israël Zangwill. Approuvé par le Sénat le 29 juin 1913, le projet ne sera jamais appliqué en raison de la crainte d’une perte de souveraineté, du manque d’intérêt du Gouvernement d’Afonso Costa et de la crise interne de l’Organisation juive territorialiste.
En Union soviétique, nous n’avons pas un, mais deux projets de patries juives. L’autonomie juive en Crimée initiée les années 1920 par les autorités soviétiques pour offrir une organisation territoriale pour la population juive d’URSS n’a pas abouti pas, malgré la création en Crimée de plus de quatre-vingts colonies agricoles ou kolkhozes juifs et de deux raions autonomes juifs. C’est l’oblast autonome juif du Birobidjan qui devient la patrie juive prolétarienne… et sibérienne. Si les premières installations datent de 1928, c’est le 7 mai 1934 qu’il est fondé avec le yiddish comme langue officielle. Premier territoire juif officiel créé dans le monde, la création d’Israël et l’effondrement de l’Union soviétique lui ont porté un coup fatal. ll n’est plus autonome aujourd’hui et les Juifs ne représentent plus qu’1% de sa population.
Le plan Fugu (en japonais 河豚計画, Fugu keikaku) est le nom donné postérieurement par des historiens à un projet préparé dans les années 1930 par le Japon impérial pour installer des réfugiés juifs dans des territoires occupés par les Japonais en Mandchourie, pour le bénéfice du Japon. Discuté en 1934, finalisé en 1938 à la « Conférence des cinq ministres », le plan est finalement abandonné à la suite de la signature du Pacte tripartite, Cependant de nombreux juifs parviennent à s’enfuir au Japon, grâce notamment au diplomate néerlandais Jan Zwartendijk et au japonais Chiune Sugihara résidant tous deux à Kaunas en Lituanie : ils émettent durant l’été 1940 des milliers de visas pour permettre aux familles juives de traverser l’URSS pour rejoindre, via le Japon, Curaçao dans les Antilles néerlandaises.
Dans les années 1930 encore, des milliers de juifs ont quitté l’Allemagne nazie pour se réfugier à Shanghai. A partir de 1934 les discussions se sont alors engagées aux États-Unis pour élaborer un plan de foyer juif dans le Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. Cependant, l’initiateur du projet, le, se heurte à la politique anti-immigration de l’administration Roosevelt et à l’absence de financement américain pour déplacer plus de 100 000 réfugiés juifs d’Europe vers la Chine.
J’arrêterai là cet inventaire incomplet. Un dernier mot cependant. Si vous cherchez d’autres exemples d’implantations de foyers juifs hors de Palestine, méfiez-vous des légendes urbaines et des théories complotistes. Un exemple : le plan_Andinia, une théorie du complot juif, conçue en 1971 par Walter Beveraggi Allende, professeur d’économie de Buenos Aires, affirmant qu’un État juif était en cours de création en Patagonie. Elle repose sur une interprétation tendancieuse de projets historiques réels à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle visant à permettre une immigration juive organisée vers l’Argentine, notamment avec le baron de Hirsch. Si l’installation de cet État juif en Argentine n’a aucune réalité, cette théorie a malheureusement connu une grande vogue dans les milieux d’extrême-droite en Argentine et au Chili…
______________________________________________________
Annexe
Chronologie des projets de foyers juifs
Comme internet est parfois instable et les documents en ligne éphémères, je reprends ici la chronologie de l’ouvrage d’Olivier de Marliave en la complétant partiellement, notamment en y ajoutant la toute première terre d’accueil pour les juifs persécutés : la Pologne. J’y ajouterai aussi quelques liens au fur et à mesure de mes découvertes.
1098 : le roi de Pologne Boleslas III accueille favorablement les juifs d’Europe occidentale fuyant les exactions des Croisés en route pour la Terre sainte. Au cours des siècles suivants, la Pologne devient un refuge sûr pour les juifs persécutés et expulsés , d’où l’expression « la Pologne est un paradis pour les Juifs ».
29 mars 1516 : création du premier Ghetto, à Venise.
1561-1574 : Joseph Nasi, membre d’une famille de Marranes, est a l’origine des premières colonisations juives autour de Tibériade (Palestine).
1630 : installations massives de Juifs à Livourne (Italie).
1640 : fondation de Jodensavanne (la « savane des Juifs ») au Suriname (Amérique du Sud). Cette colonie perdurera jusqu’en 1832, après un grand incendie. Mais une communauté juive se maintient au Surinam après cette date.
1791 : Catherine II confine les Juifs à l’ouest de la Russie, cette « Zone de
résidence » va devenir la plus forte concentration mondiale de Juifs.
1825 : projet d’un foyer juif sur Long Island, futur État de New York.
1855 : Moshe Montefiore achète les premières terres cédées par des Ottomans en Palestine.
1869 : Charles Netter fonde la ferme-école de Mikveh-Israël. L’Alliance Israélite Universelle organise le premier plan d’immigration juive de grande ampleur aux États-Unis.
1883 : financement par Edmond de Rothschild des premières fermes en Palestine.
1885 : l’Allemand Paul de Lagarde propose de fonder un État juif sur l’île de Madagascar.
1889 : inauguration de Moisés Ville en Argentine. Maurice de Hirsch installe le Hirsch Fund destiné à financer des colonies juives aux États-Unis, puis en Argentine.
1894 : exploration des hauts plateaux du Kenya par la Freeland League.
1901 : négociations entre Theodor Herzl et le sultan Abdülhamid II pour l’installation massive de Juifs en Palestine.
1902 : une option sur l’île de Chypre est envisagée par Herzl avec le ministre anglais Joseph Chamberlain.
1903 : étude du projet El-Arish et exploration du Sinaï égyptien, puis adoption du « plan Ouganda » par le VI e Congrès sioniste de Bâle.
1904 : mort de Theodor Herzl. Offre aux sionistes par le gouvernement anglais d’un « Tanaland » (Somalie).
1905 : création de la Jewish Territorialist Organisation (I.T.O.) et naissance du territorialisme sioniste, au VII e Congrès de Bâle. Nouvelle expédition en Ouganda.
1907 : plan Galveston et débarquement de familles juives russes au Texas.
1908 : exploration en Cyrénaïque par l’I.T.O.
1909 : mission d’expertise en Mésopotamie par la Jewish Colonization Association (J.C.A.) de Maurice de Hirsch.
1912-1913 : négociations pour le « Plan Angola », expertise de terrain en
Afrique de l’Ouest et acceptation du projet par le Sénat portugais.
1917 : Déclaration Balfour engageant l’Angleterre dans la création d’un foyer national juif en Palestine.
1920 : début d’établissement des colonies juives en Crimée.
1928 : arrivée des premiers volontaires juifs au Birobidjan.
1933 : exploration du Kimberley (Australie) pour le compte de la Freeland League.
1934 : décret portant création de la Région Autonome Juive du Birobidjan (R.A.J.) en Union soviétique.
1934 : discussions engagées aux États-Unis à l’initiative du dentiste de Brooklyn Maurice Williams visant la création d’un foyer juif dans le Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine.
1934-1939 : les Japonais étudient la transformation de la Mandchourie en État juif. Plan Fugu.
1937 : expertise des hauts plateaux malgaches pour le gouvernement polonais.
1938 : conférence internationale d’Évian destinée à trouver des terres d’accueil pour des communautés juives.
1938 : Plan Mindanao d’installation aux Philippines.
1939 : les États-Unis étudient un établissement en Alaska.
1939 : seconde exploration du territoire australien de Kimberley.
1940 : les nazis s’emparent du Plan Madagascar.
1940 : commission d’enquête hollandaise au Suriname, avec l’appui de la Freeland League.
1942 : Critchley Parker meurt en explorant la Tasmanie comme éventuel foyer national juif.
1943 : la Cyrénaïque, à nouveau envisagée comme terre d’accueil.
1947 : le parlement hollandais vote en faveur du Plan Saramacca (Suriname).
1948 : création officielle de l’État d’Israël.
Dernière mise à jour : 26 septembre 2025.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean Stouff (20 septembre 2025). Et si Israël n’existait pas ? Les terres promises entre projets avortés et uchronies. Biblioweb. Consulté le 13 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/14pyo


