Si l’Association des grandes puissances, appelée à décider
des destinées du monde, a la vision complète des choses,
elle hésitera d’autant moins à se prononcer pour les États-
Unis d’Orient que, de la Turquie, leur organisation pour-
rait s’étendre à l’Arabie et à la Perse, comme à l’Asie Russe
et au Caucase. Pour les peuples musulmans de ces vastes
contrées, comme pour les pays européens, intéressés à leur
développement matériel et social, ce serait la prospérité
dans la paix. Mais l’épreuve de la guerre a-t-elle fait germer
la sagesse dans la conscience humaine?Les décisions du Congrès de Paris vont montrer si le
monde civilisé est libéré lui-même des ambitions qu’il a
vaincues. Qu’on le souhaite ou non, la question d’Orient
sera la pierre de touche de la « Société des Nations ».A. LE CHATELIER.
10 janvier 1919.
Le texte ci-dessus est la conclusion d’un article d’Alfred Le Châtelier (1855-1929)(1) paru dans la Revue du monde arabe et intitulé “États-Unis d’Orient” au moment où les traités imposés par les puissances alliées vont conduire à la balkanisation du Moyen-Orient,
Et si des États-Unis d’Orient avaient remplacé l’Empire ottoman au lieu de son dépècement par la France et l’Angleterre, où en serions nous aujourd’hui ? N’y aurait-il pas là matière à une belle uchronie ?
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- Fondateur de la revue, l’auteur est aussi le premier titulaire de la chaire de sociographie musulmane au Collège de France. Ce n’est doc pas un petit rigolo qui raconte n’importe quoi. Enfin, a priori…